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27 juin 2014 5 27 /06 /juin /2014 08:59

Quand j'étais au lycée, il y a fort longtemps, mais je m'en souviens très bien, lorsque je rendais une copie, même s'il s'agissait d'une dissertation, je savais à peu près ce que valait mon travail, et une fois la copie corrigée, la note attribuée était celle, ou proche de celle que je lui avais attribuée moi-même. Et si sur un trimestre, ma moyenne était de 10 sur 20, je me disais que c'était là ce que valait le travail que j'avais fourni pendant ce trimestre. Mais jamais il me serait venu à l'esprit de penser que je valais, moi, 10 sur 20 !

Cependant, autour de moi, mes camarades, mes parents et mes professeurs m'accordaient le qualificatif de mauvais ou de bon, voire d'excellent élève... ou de cancre ! Car il est dans la nature humaine de toujours porter un jugement sur autrui.

Mais ils pouvaient bien penser de moi ce qu'ils voulaient, mes camarades, mes parents et mes professeurs ! Je savais bien, moi, ce que je valais, que je ne confondais pas avec ce que valaient les tâches que j'avais accomplies.

Cependant, comme on aime bien que les autres pensent du bien de soi, nous sommes toujours influencés par le regard que les autres portent sur nous, et lorsque l'écart est trop grand entre l'image que nous avons de nous et celle que nous renvoie ceux qui nous entourent, cela nous plonge dans un malaise qui peut nous conduire à prendre de la distance avec notre entourage, et même quelquefois à rechercher un autre environnement humain qui nous renverra de nous une image qui nous conviendra mieux. C'est ainsi que l'évaluation négative répétée de l'élève (et non de son travail) peut l'exclure de son cursus scolaire. Bien des fois, j'ai entendu dire par un collégien que j'essayais d'intéresser aux mathématiques : « De toute manière, le prof. nous a dit : dans cette classe, vous êtes nuls en math. »

Pourtant les erreurs, si elles sont perçues et corrigées, peuvent être fertiles : quand nous acquérons une connaissance par nous-mêmes, en progressant à tâtons, par la prise de conscience et la correction de nos erreurs, ces dernières nous apparaissent comme des étapes positives de notre progression. Cette auto-correction de l'erreur peut même être ludique, comme le montre l'observation du joueur de mots croisés ou de Sudoku.

Aussi la réforme à faire en matière d'évaluation (et peut-être pas seulement en matière d'évaluation scolaire) n'est pas de remplacer les notes par des lettres ou des couleurs, ni de chercher des astuces pour transformer le négatif en positif.

La réforme à faire consisterait à former les évaluateurs pour que, contre la tendance humaine naturelle qui est de porter constamment un jugement sur autrui, ils se défendent d'évaluer l'individu, mais s'appliquent à lui montrer, à lui expliquer la valeur objective de son œuvre, et surtout à lui fournir les moyens qui permettront à lui-même de l'améliorer.

Claude ANTON, juin 2014

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