LE CHIEN DE VOLUBILIS
Cette histoire se passe dans la Mauritanie
Qu'on disait Tingitane, une des colonies
De l'Empire Romain, où le peuple berbère,
Indépendant et fier, entrait souvent en guerre.
Et à Volubilis et sa proche région,
Un bel officier jeune commandait la légion.
Il possédait un chien qui le suivait partout
Car l'animal fidèle l'aimait par dessus tout.
Un jour en patrouillant aux confins de la plaine,
Dans le pays berbère, tout près d'une fontaine,
Il rencontra Tigra, une jeune Berbère,
En tomba amoureux, et s'en fut voir le père,
Lui disant qu'il l'aimait et demandait sa main.
Le père l'accorda à l'officier romain,
Mais il avait déjà promis Tigra, sa fille,
À Massipsa le fil d'une riche famille.
Ce fut pour les Romains une heureuse liaison,
Mais pour les Berbères une odieuse trahison.
Un jour le chien couché aux pieds des deux amants
Se mit à exprimer d'inquiétants grognements
Le maître connaissant très bien son animal
Sut qu'il pressentait un événement fatal.
Il réunit sa troupe, il parcourut la Ville,
Et rencontra un groupe de berbères hostiles.
La bataille fut rude, mais les Romains gagnèrent,
Boutant hors de la Ville les belliqueux Berbères.
De retour, l'officier perçut distinctement
D'horribles cris d'angoisse, de furieux aboiements.
Coléreux, menaçant, son bon chien, avec hargne,
Empêchait deux berbères d'enlever sa compagne.
L'officier transperça de son glaive un berbère,
L'autre avec un poignard portait un coup sévère
Mais le chien lui sauta au cou et l'égorgea.
Dans la chute de l'autre, le poignard s'engagea
Dans le cœur du bon chien. Ils périrent tous deux.
L'un était Massipsa, le berbère hideux,
L'autre était le fidèle animal héroïque
Dont on a retrouvé la statue magnifique
Quinze siècles après, et qui brava les âges
Pour raconter amour, fidélité, courage .
Claude ANTON, 30 mars 2022