LE MONDE À VENIR
Il n'y a pas deux siècles, dans la brousse en Afrique,
Dans la forêt sauvage, primaire, d'Amérique,
Sur les îles perdues, dans la Grand Nord glacé,
Dans toutes ces contrées, qui aurait pu penser
Qu'il existait des terres où la vigne et le blé,
Les troupeaux nourrissaient d'autres peuples comblés ?
Il y a deux cents ans le monde occidental
Découvrit l'énergie, remplaçant l'animal
Par le moteur thermique : la machine à vapeur
A fait tourner la roue avec de la chaleur.
Cette énergie porta l'Occident dynamique
À conquérir pour lui les terres exotiques,
Transformant les milieux naturels en cultures,
Urbanisant ceux qui vivaient dans la nature.
Puis il y eut encore une révolution,
Qui elle concerna les communications :
Télégraphe, téléphone, puis la télévision,
De nos jours Internet nous donne l'occasion
D'être en liaison directe avec la Terre entière.
Dans l'espace et le temps il n'est plus de frontière.
L'économie mondiale et la fin des distances
Sont en contradiction avec cette existence
Des nations et frontières qui brisent l'unité
D'une population unique : l'Humanité.
Aussi l'individu vit de plus en plus mal
Les règles imposées par un pouvoir local.
Se voulant libéré de toute autorité,
Il crée sa propre règle qu'il nomme « liberté ».
Alors grâce aux progrès des communications,
Quelques-uns organisent des manifestations,
Où ils expriment ensemble leur mécontentement,
Sans être pour autant du même avis, vraiment.
Et puis dans les pays où les gouvernements
Ont été mis en place démocratiquement,
Ces gouvernements peinent à faire respecter
Les lois pourtant votées par la majorité.
L'intérêt général qui nous est proposé
Par le pouvoir en place est toujours refusé.
Il est donc bien tentant pour ceux qui sont élus
D'imposer par la force un pouvoir absolu.
Morcelée en nations, l'unique Humanité,
Qui ne peut ignorer ses inégalités,
Voit naître ici et là la pénible aventure
Du pouvoir absolu et de la dictature.
Mais il est un péril qui la menace aussi :
On vit si bien là-bas, on vit si mal ici !
Pourquoi ne pas tenter, moi qui suis malheureux,
D'aller vivre au pays de ceux qui sont heureux ?
Population de Globe, qui est une et entière,
L'Humanité se moque des pays, des frontières.
Dans le monde à venir les états, les nations
Connaîtront de profondes et vastes migrations.
Quel mur arrêterait celui qui a payé
Bien cher pour lui, de plus : risquant de se noyer ?
Mais se priver pour eux, chez nous on ne veut guère,
Et pourtant ils viendront. Risquerons nous la guerre ?
Claude ANTON, 13 août 2021