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18 novembre 2023 6 18 /11 /novembre /2023 13:46

Début novembre l'association Auxilia a réalisé un n° spécial de leur revue où tous les articles-édito que Claude leur avait écrit sont regroupés. La secrétaire me l'a mis ici en PDF pour que je puisse l'envoyer par e-mail  à d'autres personnes.

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18 novembre 2023 6 18 /11 /novembre /2023 13:41

Après que Claude ai envoyé un message à l'Association Auxilia pour dire qu'il ne pouvait plus continuer à donner des cours par correspondance à cause de son état de santé et non de son âge (92 ans), voici le message que l'association lui a envoyé

Claude
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20 octobre 2023 5 20 /10 /octobre /2023 06:49

Oui Claude a quitté cette terre le 04 octobre 2023 après avoir lutté pendant 5 mois pour faire en sorte que son coeur tienne encore pour être auprès de nous.

Je ne cesse d'avoir des messages "Claude était quelqu'un d'exceptionnel, de bon etc."

c'est vrai. 

Marie-Jeanne

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8 mai 2023 1 08 /05 /mai /2023 18:46

DEUX MONDES


 

La douce ombre des arbres inspirait la confiance,

Mais l'ombre s'épaissit et Ella prend conscience

Que l'endroit séduisant où elle s'est rendue

Est un piège perfide, et qu'elle s'est perdue.

La nuit vient doucement, mais bien plus dense ici,

Et des bruits inquiétants se font entendre aussi.

Ne voyant plus le sol, elle glisse et trébuche,

Tombe et sa tête heurte violemment une bûche.


 

Elle marche à grands pas, alerte et très à l'aise,

Mais bientôt devant elle se dresse une falaise.

Pourtant dans la paroi du mur infranchissable,

Une grotte est baignée de lueur agréable.

Ce n'est pas une grotte, mais un très long couloir.

À l'entrée est écrit : ''vers monde de l'espoir''.

Devant elle est ouverte la porte d'une auto,

Dans laquelle elle monte, qui démarre aussitôt.

L'auto s'arrête enfin, un robot empressé

Lui dit : « Bonjour Ella qui nous vient du passé.

Où suis-je et qui es tu ? Au Monde d'Avenir,

Et je suis le robot prévu pour t'accueillir. »

Devant elle s'étale, et jusqu'à l'horizon

Un tapis de panneaux qui couvrent les maisons

Dominées par les mats d'immenses éoliennes,

Et plus haut dans le ciel des ballons d'hydrogène.

« C'est très impressionnant mais ceux qui vivent là

Ne voient jamais les cieux. » observe alors Ella.

« Ils les voient quand ils veulent, lui répond le robot,

D'ailleurs sur leurs écrans, les cieux sont bien plus beaux.

Mais il n'y a ici ni plante ni culture !

Détrompe-toi : des serres préservent la nature.

Mais où sont donc passés les animaux sauvages ?

Ils sont très bien soignés dans les zoos et les cages.

Donc ici, que ce soit travail ou bien loisirs,

Pas un seul être humain n'éprouve le désir

De les vivre à l'air libre ? Mais que veut dire « air libre ? »

Et les hommes n'ont pas à travailler pour vivre !

Mais qui travaille alors pour combler leurs besoins ?

Eh bien nous, les robots, nous sommes à leurs soins.

Ils ont bien de la chance et doivent être heureux

Que ce soit des robots qui travaillent pour eux !

Non : ils sont insatiables puisqu'ils n'ont rien à faire,

Et nous, nous ne pourrons jamais les satisfaire.

Ils ont depuis longtemps, ce qu'il faut, et pourtant

Ils vivront dans l'envie jusqu'à la fin des temps. »


 

Dans l'obscure forêt et ses bruits inquiétants,

Ella s'est réveillée, mais rassurée entend :

« Ella ! Oui je suis là ! » Une lumière approche,

C'est Papy qui l'éclaire avec sa lampe torche.


 

Elle a voulu aller jusqu'au bout de la plage,

Mais cette plage est longue, ce n'était pas très sage.

Couchée dans une barque, elle s'est reposée,

Elle somnole, à l'ombre, car elle est épuisée.


 

Allongée sur le dos, très confortablement,

Le regard fixé vers le sombre firmament,

Et agréablement bercée par la profonde houle

Qui sur l'immense mer lentement se déroule,

Elle sent un coup de frein, mais pas désagréable.

La barque s'est sans doute échouée sur du sable.

Descendue sur la plage, s'offre à elle l'image

D'un exotique et pur sauvage paysage.

Elle est vraiment séduite, avance sur la plage,

Escalade une dune et découvre un village

D'où lui parvient l'écho d'une vie dense, active,

Qui l'incite à savoir comment là les gens vivent.

Un homme vient vers elle, habillé sobrement,

Avec un beau sourire, et lui dit gentiment :

« Bonjour Mademoiselle, c'est moi qui suis chargé

D'accueillir, renseigner, guider les étrangers.

Je vais vous présenter des gens qui sont heureux

De planter, récolter, de construire pour eux.

Et lorsque la nature leur offre du loisir,

Ils créent une œuvre d'art pour leur plus grand plaisir.

Etes-vous un robot » demande alors Ella ?

« Un robot, non. Ici, nous n'avons pas cela !

C'est vous qui travaillez ? Nous ne travaillons pas.

Nous vivons notre vie de naissance au trépas. »


 

« Ella, réveille-toi. Allez, il faut partir.

Tu sais maman, je crois que vivre, c'est bâtir. »


 

Claude ANTON, 7 mai 2023

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3 mai 2023 3 03 /05 /mai /2023 18:33

LES EGLANTIERS


 

La Lune est haute et claire au sein du firmament.

Viens donc t'asseoir ici près de moi un moment.

Je vais te raconter une histoire un peu sombre,

Celle des églantiers que tu vois là dans l'ombre,

Et nous ferons tous deux ensemble une prière

Pour ces deux arbrisseaux au fond du cimetière.


 

C'étaient deux vieux amants, attendant patiemment,

Après leur longue vie, leur tout dernier moment.

Ils avaient tant vécu, qu'ils n'avaient rien à faire,

Et tout au long du temps ils s'ennuyaient sur Terre.


 

Un jour il a pensé qu'il pouvait préparer

L'endroit où ils seraient tous les deux enterrés,

Choisi un coin tranquille dans le vieux cimetière,

Planté deux églantiers et posé une pierre,

Les églantiers placés l'un de l'autre tout près,

Et sur la pierre écrit : « unis, avant, après. »


 

Elle était réveillée, et au lever du jour,

Elle lui prit la main car le faisait toujours.

Mais la main était froide. Elle lui dit : « Tu dors ? »

Il ne répondit pas bien sûr, il était mort.


 

On le mit sous la pierre et les deux églantiers.

À elle on exprimait la peine et la pitié,

Et elle répondait : « Pas de condoléances.

C'est normal et prévu, et pas une souffrance. »


 

Mais après tant de temps elle était séparée

De son vieux compagnon, et fut désemparée.

Elle confondait tout, elle perdait des choses,

Elle ne parlait plus et devenait morose.


 

On lui a fait comprendre, avec ménagements,

Qu'il fallait qu'elle vive en établissement.

Elle y mourut bientôt, et maintenant repose

Dans un beau cimetière, tout décoré de roses.


 

Les pauvres vieux amants ne dorment plus ensemble,

Mais les beaux églantiers qui tous deux leur ressemblent,

Les font vivre enlacés, mêlant avec bonheur

Leurs ramures, leurs feuilles et leurs modestes fleurs.


 

Claude ANTON, 28 avril 2023

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27 avril 2023 4 27 /04 /avril /2023 17:15

LA FOI - LA BONTE - LE CRIME


 

Il paraît que des gens ont un jour maltraité,

Dans un odieux supplice ensuite exécuté

Un homme qui voulait que notre Humanité

N'ait plus qu'une unique qualité : la bonté.


 

Puis ceux qui vénéraient Jupiter et Junon

Livrèrent aux lions, en pâture, en leurs noms,

Afin d'offrir au peuple des distractions ludiques,

Les Chrétiens qui voulaient prier un Dieu unique.


 

Quelques siècles plus tard, Mahomet, qui prêchait

Pour le Dieu d'Abraham, mais en fut empêché

Par les gens de La Mecque, fonda sa religion,

Après qu'il dût s'enfuir, dans une autre région.


 

Convertis à l'Islam, les Arabes poussèrent

Leurs armées conquérantes sur de lointaines terres.

En un peu plus d'un siècle, ainsi, ils établirent

Sur la Mer du Milieu un gigantesque empire.


 

Et puis après l'an mille, des armées catholiques

Sont allées envahir des terres islamiques

Pour tenter, par la guerre, d'établir un royaume

Là où prêcha le plus pacifique des hommes.


 

Ensuite vint l'horreur et le crime légal,

Car le bûcher était l'avis du tribunal :

On croit que le Soleil tourne autour de la Terre,

On brûle Bruno vif car il dit le contraire.


 

Et certains, s'éloignant de la foi catholique,

Créèrent une croyance peut-être plus logique.

Ce fut alors le temps dans nombreuses régions

Des tristes et sanglantes guerres de religion.


 

Mais pourtant tout au long de ces deux millénaires

La croyance du Christ fit tant de bien sur Terre !

Mais pourtant l'Islam est par cinq piliers porté :

Profession et prière, Mecque, jeune et... charité !


 

La foi peut inspirer l'acte noble et sublime,

Mais peut aussi couvrir la violence et le crime.

Elle est la foi des hommes, qui soulève les monts

Pour porter au grand jour le Dieu ou le Démon.


 

Claude ANTON, 26 avril 2023

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20 avril 2023 4 20 /04 /avril /2023 09:47

L'ENFANT ET L'ARBRE


 

Ils viennent habiter la nouvelle maison.

La famille avait hâte de changer d'horizon,

Quitter la fourmilière de la bruyante ville

Et s'installer enfin dans un lieu plus tranquille.


 

Pendant que ses parents déballent les affaires

Et qu'ils installaient tout, on lui permet de faire

Le tour de la maison, visiter, explorer

Le terrain à l'entour et la proche forêt.


 

Il avait vu des plantes... plantées dans des jardins,

Cernées par le béton du paysage urbain,

Des herbes aussi poussant avec obstination

Entre des dalles avant leur éradication.


 

Mais il découvre ici une tout autre image

Et pénètre dans un surprenant paysage :

Les herbes sont très hautes, certaines le dépassent,

Elles recouvrent tout, occupent tout l'espace.


 

Il parvient à l'orée de la sombre forêt,

Fait quelques pas timides, puis il marque un arrêt,

Contemple les longs fûts dont les branches s'étalent

Formant comme une voûte dans une cathédrale.


 

Impressionné, ému, avançant au dessus

D'un doux et accueillant, tendre tapis moussu,

Il marche lentement avec calme et prudence

Dans une ombre palpable et de plus en plus dense.


 

Mais il est attiré, inexorablement

Et s'enfonce de plus en plus profondément :

La perfide forêt, lui évitant la peur

L'attire lentement par son calme trompeur.


 

L'enfant a maintenant pénétré plus profond

Dans le bois épaissi, dont l'ombre se confond

Avec le crépuscule, car s'achève le jour.

C'est seulement enfin qu'il pense à son retour.


 

Revenant sur ses pas, il a vite compris

Qu'il s'est égaré du chemin qu'il avait pris.

L'ombre se fait plus sombre. Envahi par la peur,

Il s'accroupit au pied d'un arbre tout en pleurs.


 

Et bientôt c'est la nuit et le plus profond noir,

Sa première expérience de ne plus du tout voir.

En aveugle il subit la pénible torture

Des cris angoissants de la nocturne nature.


 

Une douce lumière tout à coup envahit

La forêt tout entière et l'enfant ébahi

Aperçoit devant lui un personnage étrange,

Mais c'est un beau sourire qu'avec lui il échange.


 

L'être qui lui sourit est complètement vert,

Il ressemble vraiment à un arbre à l'envers.

En branches sont ses bras et ses jambes sans borne,

Ses cheveux en racines ressemblent à des cornes.


 

« Qui es-tu ? dit l'enfant − Autrefois un grand chêne,

Je trônais dans un pré. Mais l'Homme se déchaîne

Pour couler le béton. Il m'a décapité

Pour bâtir la maison où tu vas habiter.


 

Et spectre maintenant, j'erre dans la forêt

Je t'ai vu, j'ai compris que tu t'es égaré,

J'ai eu pitié de toi, je suis venu t'aider.

Lève-toi et suis-moi. Je m'en vais te guider. »


 

On a bien travaillé, presque tout est rangé.

Il fait nuit maintenant, c'est l'heure de manger.

Mais l'enfant, où est-il ? Le voici justement,

Emergeant de la nuit, souriant calmement.


 

On est passé à table, le père a des projets :

On a un beau terrain. On va l'aménager :

Des allées un ciment, du gravillon ailleurs,

Peut-être une piscine et un tennis d'ailleurs. »


 

Mais l'enfant lui répond qu'il aime bien le champ

Tel qu'il est maintenant, et qu'il a un penchant

Pour les herbes sauvages. « On a déjà détruit

Un arbre magnifique pour ce qu'on a construit. »


 

Le père le regarde. Comment sait-il cela ?

C'est vrai que pour construire la maison qui est là

Il a fallu abattre un chêne centenaire.

Ça ne lui a pas plu, mais il fallait le faire.


 

Il réfléchit le père. Il voulait la vie pure,

Ecologique et simple, proche de la nature,

Mais maintenant il doit se rendre à l'évidence,

Il ne se passera jamais de l'abondance.


 

Il regarde l'enfant qui incarne l'espoir.

Il ne l'a jamais vu comme il le voit ce soir.

Lui qui n'a pas encore connu la luxuriance,

Peut-être pourra-t-il vivre une autre existence...


 

L'enfant, tout en mangeant, regarde la fenêtre.

Derrière la vitre noire il a vu apparaître

Un instant son ami, qu'il venait de quitter,

Et qui lui a souri pour le féliciter.


 

Claude ANTON, 19 avril 2023

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13 avril 2023 4 13 /04 /avril /2023 08:03

LE NORD ET LE SUD


 

C'est le premier jour du printemps.

La Terre qui tourne tout le temps

Présente aujourd'hui au Soleil

Le Sud et le Nord tout pareil.


 

Pareil avez-vous dit ? C'est faux :

Regardez : le Nord est en haut,

Et que vous le vouliez ou pas

L'Hémisphère Sud en bas.


 

Là je vous contredis mon cher :

Je ne crois pas que l'Univers

Connaisse ce qui est le haut.

Sur notre Terre où tout est beau,

Les choses tombent vers le bas,

Et si vous ne distinguez pas

Le haut et l'Hémisphère Nord,

Dans l'Hémisphère Sud alors,

C'est en haut que tombent les choses !

On n'y peut rien, car c'est à cause

De l'attrait qu'exerce la Terre

Que les choses tombent par terre.

Dans le Nord, par exemple en France,

Les gens qui vivent en Provence

Disent qu'ils « montent » à Paris.

Ça montre que dans leur esprit

Le Nord et le haut se confondent.

Mais prenez une mappemonde.

Ni haut ni bas dans l'Univers,

Etalez-là donc à l'envers.

Bien que cela ne soit pas faux,

Maintenant le Sud est en haut !


 

Tout ça est beau, mais soyons sages :

Que veut dire ce bavardage ?


 

Que les peuples du Nord imposent

À ceux du Sud leur vue des choses.


 

Claude ANTON, 8 avril 2023

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13 avril 2023 4 13 /04 /avril /2023 08:00

L'ENTREPRISE


 

Jacques et Pierre étaient camarades d'école.

C'étaient de grands amis, pourtant c'est vraiment drôle :

Alors que Jacques était discret, presque effacé,

Pierre lui paraissait vouloir tout fracasser.


 

Dès leur sortie d'école, ensemble ils ont monté,

Très vite dans leur ville, leur propre société,

Une entreprise qui avait pour vocation

L'isolation des bâtiments d'habitation.


 

L'isolation thermique était dans l'air du temps.

La petite entreprise grossit en peu de temps :

Créée par les deux jeunes, l'entreprise employait

Après à peine un mois, cinquante salariés.


 

Pierre, autoritaire, pragmatique, dynamique,

Supervisait plutôt tout le côté technique.

Jacques beaucoup plus calme, s'occupait du domaine

Commercial et gérait les ressources humaines.


 

Mais ils ont assez vite fait la constatation

Qu'ils n'avaient pas du tout la même conception

De l'entreprise qui, pour Jacques aidait les gens,

Mais qui devait pour Pierre rapporter de l'argent.


 

Et quant au personnel, pour Pierre : exploitation

Des ressources humaines ! Toute autre conception

Pour Jacques se voyant comme un simple acheteur

De la main d’œuvre que fournit le travailleur.


 

La brouille est apparue quand Jacques a constaté

L'emploi de matériaux de basse qualité.

Pour lui, c'était agir de façon malhonnête,

Pour Pierre ce n'était qu'une gestion parfaite.


 

Jacques reçut un jour un client mécontent,

Auquel il garantit que dans très peu de temps

L'isolation de sa maison serait refaite,

Puis il informa Pierre de la promesse faite.


 

Pierre manifesta une grande colère :

« Reconnaître nos torts, ce n'est jamais à faire !

Pour le calmer il suffisait de lui payer

Quelques dommages. Tu aurais dû me l'envoyer ! »


 

Le climat se trouva de plus en plus tendu

Et les deux associés ne communiquaient plus.

Entre les deux patrons, le personnel était

En deux camps partagé. L'entreprise boitait.


Il leur fut proposé en fin d'année scolaire

D'accueillir quelques jours une jeune stagiaire.

Pierre lui consacra une heure seulement,

Prétextant qu'il avait bien trop d'empêchements.


 

Jacques s'occupa donc de la jeune stagiaire.

Et le fit avec sa conscience coutumière,

Mais il fut peu après, traqué par la police,

Et quelque temps plus tard condamné en justice.


 

La stagiaire mineure avait déposé plainte

Pour délits sexuels subits sous la contrainte.

Pierre affirma que Jacques voulait absolument

S'occuper de la jeune, lui, exclusivement.


 

Jacques alors indigné s'était mis en colère,

Et cela n'avait pas arrangé son affaire.

Aussi, il n'eut bientôt pour unique horizon

Que les sinistres murs d'une sombre prison.


 

Partageant la cellule d'un certain Dominique,

Au bout de quelques jours, l'homme étant sympathique,

Il le mit au courant de la machination

Qui l'avait plongé dans cette situation.


 

Dominique , en confiance, raconta la raison

De sa condamnation à un an de prison :

Oui, c'est vrai, il avait volé son employeur,

Mais qui était lui-même, disait-il, un voleur.


 

N'avait-il pas été victime d'injustice ?

Voler à un voleur n'est pas un préjudice !

Jacques fut étonné par ce raisonnement

Qui nourrit leurs échanges pendant de longs moments.


 

Un acte dont le mal à l'un n'est pas sensible

Apparaît à un autre un acte inadmissible.

Ils en conclurent de la relativité

De la valeur morale selon la société.


 

Dominique admit que, si voler un voleur

Dans son milieu social était presque un honneur,

C'est le fait de voler, aux yeux de la justice,

Qui que soit le volé, qui est un préjudice.


 

Quant à Jacques, il portait sur les événements

Qui l'avaient conduit là, un autre jugement :

Ils ne s'entendaient pas, aussi pour en finir,

Il aurait dû lui-même décider de partir.


 

Il écrivit à Pierre, confiant ses pensées,

Mais surtout qu'une enfant avait été poussée

À mentir gravement. Chargés d'éducation,

Tous deux l'avaient conduite à cette injuste action.


 

Pierre reçut la lettre, hésita, puis l'ouvrit.

Il fut déconcerté lorsqu'il y découvrit

Non pas l'indignation, la rage, la discorde,

Mais le soucis de l'autre et la miséricorde.


 

Et puis très lentement , en lui sentit grandir

Question, doute et malaise, conscience et repentir.

Pour servir l'intérêt de ses propres affaires

Il avait corrompu l'innocente stagiaire.


 

Un matin, au lever, il eut une nausée.

En rêve il avait vu la dépouille écrasée

De la pauvre fillette au pied d'une falaise.

Il passa la journée dans un profond malaise.


 

En fin d'après-midi, appelant la famille,

Il demanda comment allait la jeune fille.

« Elle travaille bien et elle est très studieuse,

Mais elle est toujours triste et semble malheureuse. »


 

Pouvait-il la revoir ? la mère répondit :

« Venez prendre un café, tôt cet après-midi. »

Il s'y rendit, la vit, elle baissait la tête,

Elle paraissait triste, et elle était muette.


 

« Je connais ton malaise, mais n'aie aucun remord.

Tu n'as rien fait de mal et j'ai moi tous les tords,

Car j'ai fait condamner mon ami innocent

En te forçant à faire un mensonge indécent.


 

Je ne supporte plus le poids de mon forfait

Et je veux réparer tout ce mal que j'ai fait.

Mais consentiras-tu à confirmer mes dires ? »

Elle répondit « Oui ! » dans un heureux sourire.


 

Un très bon avocat s'occupa de l'affaire.

Rien ne fut reproché à la jeune stagiaire,

Pierre eut une forte amende comme seule contrainte,

Jacques fut libéré, mais ne porta pas plainte.


 

Dominique a fini sa peine de prison.

Il reste le même homme, mais change d'horizon :

Entrant dans l'entreprise, lui, un ancien voleur

S'est converti en un honnête travailleur.


 

Dans notre monde, un monde où la plupart des gens

Ne reconnaissent que le pouvoir de l'argent,

L'Entreprise de Jacques, de Pierre se révèle

Avoir l'honnêteté, le labeur pour modèle.


 

Leur affaire jouit de la notoriété.

Son exemple est souvent maintenant imité,

Et les particuliers de plus en plus souvent

Ne considèrent plus « acheter » comme avant.


 

Et voici que le monde peu à peu se transforme,

Que le « pouvoir d'achat » n'est plus la seule norme,

Qu'on peut imaginer, qu'on peut même prédire

Que le prochain pouvoir est celui de construire.


 

Claude ANTON, 5 avril 2023

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24 mars 2023 5 24 /03 /mars /2023 18:53

MECONTENTEMENT POPULAIRE

 

Cela m'étonne que, en 2018, la hausse des prix des carburants ait provoqué la révolte populaire des ''Gilets Jaunes'', et que une hausse plus importante des prix des carburants en 2022-2023 ait pu être acceptée.

Cela m'étonne que des manifestations aient été déclenchées par l'augmentation de l'âge de la retraite en France, alors que tout le monde sait qu'il est inférieur à celui des autres pays européens.

Cela m'étonne que ces manifestations aient changé de cause pour se reporter sur une disposition constitutionnelle qui a été utilisée par les pouvoirs exécutifs de toutes sensibilités une centaine de fois depuis l'approbation démocratique de notre Constitution en 1958.

Un mécontentement s'exprime, mais les causes de ce mécontentement m'apparaissent paradoxales et je soupçonne que ce mécontentement a une autre cause.

La période de croissance économique et démographique des deux derniers siècles semble toucher à sa fin. Il va sans doute falloir vivre beaucoup plus sobrement, par nécessité donc, mais aussi pour ménager le milieu naturel. Et comme il est très désagréable d'admettre qu'on ne peut plus vivre comme on a vécu, le mécontent s'exprime autrement.

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